Le moulage

Le moulage est une technique de reproduction d’un objet ou d’une sculpture. Des matériaux tels que le plâtre, le stuc le staff, la terre cuite ou la cire ont été utilisés pour cette technique. La fonction principale du moulage est de produire des copies. En partant d’un même moule, plusieurs exemplaires peuvent être obtenus.

Historique du moulage

L’utilisation du moulage est documentée depuis l’Antiquité, à travers le témoignage de Pline l’Ancien qui évoque le moulage d’un visage humain et au sujet de la reproduction de statues.

Appliquée à différents domaines, cette technique est utilisée pour les arts comme pour les sciences. Le XIXe siècle marque une période importante dans l’évolution du moulage, durant laquelle la question de la reproduction prend une nouvelle ampleur. L’avènement de la société industrielle bouscule les sciences et les arts, alors que de nombreuses inventions touchent directement aux pratiques artistiques, telles que le moulage et la sculpture.

© Université Paul Valéry – Montpellier 3 / Julie Depestele et Jeanne Ferraton

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Au cours des siècles, des moulages ont été réalisés ou recherchés par des collectionneurs, ainsi que des ateliers et des académies. En effet, les moulages ont connu des fonctions très diverses. Ils rendent compte de la fortune d’œuvres, tels les modèles antiques dont le moulage permettait de pallier la rareté. Le moulage a aussi été utilisé dans le cadre de l’enseignement, des figures d’écorchés ou des modèles reconnus pour la culture artistique des élèves.

 

Le fond Mérignargues est emblématique de ces usages accordés au moulage. Se servir de la technique du moulage pour appréhender l’œuvre finale est fréquent dans la pratique de Léopold et Marcel Mérignargues. Les deux sculpteurs réalisent des modèles réduits, sûrement pour leur usage personnel, afin de s’exercer sur la forme, la composition et la sculpture en elle-même. Ainsi, les deux artistes sont prolifiques et produisent des décors moulés, des modèles d’études, et des moulages divers.

Les Mérignargues ont également le goût du moulage sur nature. Il s’agit d’une technique qui consiste à mouler directement sur le modèle qu’il soit animal, végétal ou humain. La technique varie selon le modèle. En effet, s’il s’agit d’un être vivant, sa peau doit être recouverte d’une substance grasse qui facilite le décollement du moule et évite toutes lésions sur la peau. De plus, ce dernier doit rester immobile durant tout le processus. Si le moulage s’applique sur végétaux, le plâtre est appliqué en fines couches, directement au pinceau.

© Université Paul-Valéry Montpellier 3 / Robin Sellem et Nikita Tronc

Le moulage à creux perdu

Le moulage à creux perdu est un procédé permettant le tirage d’une épreuve unique à l’aide d’un moule qui, à l’issue du processus, est détruit. Le moule à creux perdu peut comprendre une à deux pièces. 

Étapes du moulage à creux perdu à une seule pièce

  1. Gâcher le plâtre (c’est-à-dire mélanger le plâtre avec de l’eau pour qu’il soit liquide).
  2. Rajouter de la poudre colorée (qui rend le plâtre plus liquide et qui permet de différencier l’objet du moule).
  3. Recouvrir l’objet d’une couche de plâtre à l’aide d’un pinceau.
  4. Recouvrir le tout avec une couche de plâtre plus épaisse, qui va composer l’intérieur et l’extérieur du moule.
  5. Compléter et étaler la matière sur les imperfections.
  6. Attendre que le plâtre prenne et qu’il sèche
  7. Extraire l’objet. Suivant la matière, les procédés d’extraction sont différents. S’il s’agit de cire, le mouleur fait fondre le moule. Pour des matériaux semblables à  l’argile, il fait passer l’objet par l’ouverture du moule.
  8. Couler le plâtre.
  9. Détruire le moule.

Dans le cas d’un moulage à creux perdu à deux pièces, une légère différence apparaît : la présence d’un fil ciré qui sépare les deux pièces. Le fil est situé au milieu de l’objet, de manière horizontale ou verticale, et le divise en deux parties. Il sert à séparer les pièces à la fin du processus. 

© Université Paul Valéry – Montpellier 3 / Julie Depestele et Jeanne Ferraton

© Université Paul-Valéry Montpellier 3 / Manon Sémélis et Eléa Rousset

Le moulage à bon creux

Le moulage à bon creux s’applique sur différentes matières telles que la terre cuite, le plâtre, le bronze ou le bois. Il offre la possibilité de mouler un grand nombre d’objets et de décors.

À l’inverse du moulage à creux perdu, le moulage à bon creux permet une production en série car le moule n’est pas détruit, il peut être réutilisé à plusieurs reprises.  

Le moule à bon creux est composé de plusieurs morceaux uniques, chacun détaché progressivement. Les différentes pièces sont réunies par une enveloppe, appelée « chape ». Lorsque le mouleur réalise un moulage en plâtre, il utilise une chape intermédiaire, dite une « chapette ». Avant d’être recouverte par la chape principale, la chapette recouvre l’ensemble des éléments qui prennent la forme de l’objet. 

© Université Paul Valéry – Montpellier 3 / Manon Sémélis et Eléa Rousset

Étapes du moulage à bon creux

  1. Raisonner son moule : examiner la forme de l’objet moulé et ses dimensions dans le cadre d’une étude.
  2. Marquer ses repères sur l’objet moulé (emplacements des pièces et leur taille). 
  3. Gâcher le plâtre.
  4. Appliquer une substance grasse sur l’objet pour enlever le moule plus facilement.
  5. Appliquer le plâtre en fines couches.
  6. Placer les portées (morceaux d’argiles qui délimitent les pièces du moule).
  7. Laisser prendre le plâtre.
  8. Démouler, c’est-à-dire détacher le moule à l’aide d’un couteau.
  9. Tailler le moule pour créer les clefs. Les pièces sont taillées afin de pouvoir être assemblées.
  10. Préparer la chape et les chapettes.
  11. Réunir les pièces.
  12. Numéroter les pièces.
  13. Accrocher les pièces avec du boisage (structures en bois).
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© Université Paul-Valéry Montpellier 3 / Nour Lakehal, Solenn Lemaintac et Lola Schmitt

Tirage d'une épreuve

Pour le tirage d’une épreuve, il existe deux possibilités  :

 

  • Le coulage à la volée 

Dans ce cas, le plâtre doit être directement coulé et remué dans le moule fermé afin de couvrir toutes les parois.

 

  • Le coulage à l’imprimé  

Ici, le moule est divisé en deux fractions ouvertes. Le coulage s’opère à l’intérieur de chacune des fractions qui sont assemblées avant le séchage.

Les matériaux

© Université Paul Valéry – Montpellier 3 / Manon Sémélis et Eléa Rousset

Le plâtre

Le plâtre est tiré du gypse, un minéral concassé et cuit à 150 degrés. Une fois réduit en poudre, le gypse doit être mélangé à de l’eau afin d’obtenir une pâte blanche. Directement coulé dans le moule, le plâtre se durcit et prend la forme attendue. 

S’il est facile à préparer, le plâtre est cependant fragile. Tout contact avec l’eau peut entraîner la formation d’auréoles ou de tâches. De plus, cette matière dispose d’une grande capacité d’absorption de poussières ou de saletés. Ainsi, de façon à assurer sa bonne utilisation, le plâtre doit être placé dans un endroit sec et à l’abri de la lumière pour pouvoir être soigneusement conservé.

Le stuc

L’utilisation du stuc, comme celle du plâtre, est ancienne. À l’époque hellénistique, les décors moulés en stuc connaissent d’abord un usage restreint, qui consiste à revêtir ou à compléter les architectures de pierre. Peu à peu, ils prennent de l’importance, comme dans l’ornementation intérieure pour des corniches et des frises, de plus en plus complexes et détaillées.

Le stuc est un enduit composé de chaux éteinte et de sable, de poudre de marbre ou de brique. Pour la réalisation de certains décors en relief, des liants comme les colles animales ou végétales peuvent être ajoutés au mélange. Le stuc est un matériau qui, en fonction de sa composition, est associé aux techniques du modelage, du moulage ou de la taille, comme le plâtre et le staff. Le plâtre peut donner l’illusion du marbre et être peint.

© Université Paul Valéry – Montpellier 3 / Robin Sellem et Nikita Tronc

2020 © CNMN / Vincent Montel

Le staff

Le staff fait son apparition au milieu du XIXe siècle sous forme de corniches préfabriquées. Composé de plâtre, de toile de jute et de colle, le staff est un matériau résistant. Il est utilisé dans les techniques du moulage et de l’estampage, en particulier pour la réalisation de motifs. Peu coûteux, léger et rapide d’utilisation, il ne nécessite pas une préparation spéciale des supports sur lesquels il est appliqué. 

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