Le modelage

Le processus de préparation d’une sculpture est primordial. Une grande considération est accordée au modelage jusqu’au XIXe siècle, période à laquelle une nouvelle génération de sculpteurs privilégie la taille directe et indirecte. Les sculptures modelées non définitives sont des esquisses ou des études, c’est-à-dire des ébauches qui permettent à l’artiste de matérialiser ses idées et concepts en trois dimensions.

Une technique de création libre

Le modelage est une technique de sculpture qui fonctionne par adjonction et suppression de matière. C’est une étape préparatoire importante dans le processus créatif. Cette technique libère le travail du sculpteur qui n’est pas limité par un volume prédéfini.

Souvent utilisé dans le cadre d’une esquisse préparatoire, le modelage peut aussi être une technique utilisée en vue de créer une œuvre définitive. La statuette en plâtre de Marcel Mérignargues représentant une Femme allongée est un modelage préparatoire qui illustre les étapes de la création d’une œuvre.

© Université Paul Valéry – Montpellier 3 / Julie Depestele et Jeanne Ferraton.

© Université Paul Valéry – Montpellier 3 / William Martin et Floriane Spaccapelo.

Des matériaux souples et malléables

La nature même des matériaux permet aux artistes de travailler des détails minutieux et de réaliser des objets de petite taille comme des miniatures

Les matériaux employés pour le modelage peuvent être éphémères et facilement façonnables. La malléabilité octroie la possibilité de produire sans contrainte puisqu’il n’y pas de limites dans l’ajout ou le retrait de la matière, à l’inverse d’un bloc de pierre. 

Le coût des matériaux est pris en compte dans le processus, car les dépenses diffèrent et influent sur la production. 

L'argile

© Université Paul-Valéry Montpellier 3 / Julie Depestele et Jeanne Ferraton.

L’argile est un matériau naturel ancien. Cette matière résulte de l’altération de silicates au contact de l’eau. Le degré de fer contenu dans la terre peut transformer sa couleur. L’argile grasse, aussi appelée argile crue, est communément utilisée pour le modelage. C’est une terre douce et brillante au séchage. Sa faible résistance ne favorise pas sa conservation et fragilise les sculptures en les exposant aux risques de fissures et d’éclatements. Son temps de dessiccation n’est pas important, de sorte qu’entre les séances un simple linge humide permet de maintenir la terre malléable. Ces caractéristiques font que l’argile grasse est utilisée majoritairement pour des petits formats. 

Le plâtre

© Université Paul-Valéry – Montpellier 3 / Manon Sémélis et Eléa Rousset.

Le plâtre est rarement utilisé pour le modelage car il sèche rapidement, à l’inverse de la terre crue, il offre un temps de reprise des erreurs très court. Les Mérignargues réalisent des modelages dans ce matériau, comme en témoigne un masque représentant le visage d’un homme à moustache et courte barbe pour lequel le plâtre est modelé, gratté, pétri. 

Le stuc

© Université Paul-Valéry Montpellier 3 / Julie Depestele et Jeanne Ferraton.

Le stuc peut contenir de la chaux et du plâtre, ce qui lui permet d’être décliné sous diverses formes. Il constitue la matière principale pour les ornements en ronde-bosse ou relief. Matériau résistant, le stuc est employé pour des sculptures d’intérieur mais aussi de plein air. Comme enduit, il est utilisé pour imiter la pierre ou le marbre.

Le saviez-vous ?

Au Ier siècle, Pline l’Ancien, dans son Histoire Naturelle, différencie la scultura de la plastica. Le terme scultura renvoie à l’art de travailler la pierre tandis que la plastica correspond au travail de matériaux souples comme la cire ou l’argile. Ces deux notions rendent compte de la singularité du modelage et de son importance dans l’histoire de la sculpture au cours des siècles. Elle est la première technique utilisée dès la Préhistoire. La terre étant un matériau naturel, et les mains les premiers outils, les ouvrages modelés en terre sont particulièrement accessibles. À partir de la Renaissance, de nombreux artistes qui bénéficient d’une renommée importante réalisent des modèles et confient la réalisation de l’œuvre définitive fondue ou taillée à leurs assistants ou à des artistes dont c’est le métier, comme des fondeurs.

La taille est une autre technique permettant au sculpteur de réaliser une œuvre. Celle-ci, comme le modelage et le moulage, nécessite des outils particuliers destinés à des tâches précises. Ce sont ces outils que nous présente Laurent Poggiale, sculpteur en charge des décors de Notre-Dame de Paris à l’atelier Bouvier.

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